jeudi 10 décembre 2015

Premier ou deuxième : restez classe !

(2e ou 2ème ? Les abréviations des adjectifs numéraux ordinaux)


Voici encore un point de notre langue  très rarement étudié au collège et au lycée – inconnu du plus grand nombre. Alors : 1ère, 2ième, … Qui dit mieux ?
Ligne d’arrivée lors d’une course à pied. Un coureur se jette ou tombe sur la ligne. On ne sait s’il est 2e ou 3e.

Oui, cela vaut aussi pour « premier » et « deuxième » ! Restons classe… Utilisons les bonnes abréviations !

Vous ne savez plus comment s’orthographie une expression, comment s’abrège un mot, et vous vous dites : « Je vais aller voir comment on écrit ça sur Google. » Non, non, non, ne me dites pas que cela ne vous arrive jamais ! Avoir de bons ouvrages à portée de main vous serait plus utile, mais bon, cela marche… parfois.

Le risque, c’est de vous laisser piéger par une erreur qui s’est généralisée. Tenez ! l’abréviation des adjectifs numéraux ordinaux (désolé, je n’arrive toujours pas à me débarrasser de certains « gros mots ») : premier, second, troisième, les quarantièmes rugissants, etc. Sur le Net, vous êtes à peu près sûr de trouver plus de mauvaises solutions que de bonnes. Au hit-parade de l’abréviation de deuxième, par exemple, vous trouverez 2ème. Perdu ! C’est 2e

On écrit 1er, 2e, 3e

Bon, allez ! Mais c’est bien parce que c’est vous. Voici ce qu’il faut écrire (et je vous certifie que l’Académie française, le Larousse, le Robert, Bernard Pivot et Marcel Duchemin (?!?)… me donnent leur bénédiction sur ce point) :
Plusieurs livres de collège et de lycée, sur la couverture desquels apparaissent bien « 3e », « 4e », etc.
Et pourtant, nous avons toujours eu la bonne orthographe sous
les yeux. Étonnant, non ?
premier s’abrège 1er et les premiers, 1ers ;
première s’écrit 1re et les premières, 1res ;
deuxième, troisième, vingtième s’écrivent 2e, 3e, 20e et les deuxièmes, les troisièmes, 2es, 3es ;
second, enfin, s’abrège 2dseconde, 2de, les seconds, 2ds, les secondes, 2des.

Voilà ! Vous savez tout !


« Oui madame ! Cette faute se généralise, sur nos chèques, sur nos boîtes aux lettres. Il est grand temps de réagir. » Vous voulez savoir quelle est cette faute ? C’est ici  :
Abréviation de « Monsieur » : Mr ou M. ?

Une formation pour adultes en orthographe (Brest, Rennes) ? Demandez le programme !

mardi 1 décembre 2015

Manger ou dormir, il faut choisir

« Assurer le gîte et le couvert. » Êtes-vous certain que cette expression est correcte ?
le gîte et le couvert pléonasme
« Ben ça alors ! Z’êtes sûr ? »
Voici quelques mois, nous vous avions parlé d’une expression qui avait été détournée de son sens originel : « opérer des coupes sombres » (Coupes sombres et forces obscures). Il en est de même pour celle-ci

Lorsque l’on vous dit que le gîte et le couvert vous seront assurés, vous imaginez aisément que l’on s’apprête à mettre à votre disposition un toit, une assiette, un couteau, une fourchette… Enfin, avouez, une assiette sans rien dedans ne vous serait guère utile !

Or ce qu’il faut savoir, c’est qu’à l’origine l’expression utilisée était « le vivre et le couvert ». Le vivre se rapportait à la nourriture ; le couvert, au toit dont vous pouviez disposer !

Eh oui, « gîte » et « couvert » ont le même sens. Assurer le « gîte et le couvert » est bien un pléonasme !

Et voici toutes les astuces pour être sûr de bien écrire prêt à et prêt de.


jeudi 19 novembre 2015

Tous les bleus des cieux (le pluriel des mots se terminant par « eu »)

Aaah ! cela faisait longtemps que nous n’avions pas parlé de constantes orthographiques ! Voici tout ce que vous vouliez savoir sur le pluriel des mots finissant par eu.


Un espace dans les nuages forme un cœur ; sont écrits sur cette photo de ciel : "Bleus" ; "Des lieux" ; "des lieus ?" ; "Tiens ! un émeu !".
Eh oui ! « les lieus », cela existe
aussi !
Euh ! Avant de commencer, je ne résiste pas à l’envie de vous parler de la ville d’Eu, en Normandie. Un peu d’humour pour soigner un peu nos bleus, pour quitter un instant l’ambiance morose de ces tristes jours.

La commune d’Eu a eu longtemps cette particularité d’être un lieu de villégiature pour la famille d’Orléans. Le roi Louis-Philippe et ses descendants y possédèrent un château jusqu’à la fin du XIXe siècle.

C’est pourquoi leurs opposants eurent tôt fait de les nommer, faisant allusion à la royale couleur dont ils prétendaient se revêtir… les blancs d’Eu. De mauvais goût ? Peut-être. Moins cependant que cette chanson (très célèbre à Eu) commandée par le roi Louis-Philippe lui-même afin de se moquer du maire de cette commune. Ladite chanson prêtait ces mots au premier magistrat de la ville : « J’ai brigué l’honneur d’être maire et le roi m’a nommé maire d’Eu. »

Soit dit en passant, vous remarquerez que tous les adjectifs se terminant par le son eu, y compris celui que votre esprit malintentionné a cru reconnaître dans les paroles de la chanson précitée, prennent un x au masculin singulier comme au masculin pluriel : un homme peureux, chanceux, malheureux, fabuleux, etc.).

Trois cas particuliers : l’adjectif de couleur bleu (eu au singulier, eus au pluriel ; un ciel bleu, des ciels bleus) et feu, dans le sens de décédé depuis peu (feu mes grands-parents, invariable en début de phrase ; mes feus grands-parents, ma feue grand-mère, variable et prenant un s au pluriel lorsque précédé d’un déterminant).
Et comme il me l’a été aimablement signalé dans un commentaire de cet article, l’adjectif familier neuneu (pas très futé) est également une exception : il est un peu neuneu, ils sont un peu neuneus.

Du rapport entre les colins (poissons) et les pneus

Les noms communs se terminant par eu, quant à eux, prennent tous un x au pluriel (un pieu, des pieux ; un cheveu, des cheveux…). Tous ? Nooon, ce serait trop beau !

Tête et cou d’un émeu (des émeus)
Un émeu, des émeus.
Cinq exceptions. Le mot bleu, que l’on parle de la couleur, de la jeune recrue, de l’ecchymose, de la combinaison de travail… se termine par un s au pluriel. Et il en sera de même pour le pneu (des pneus), l’émeu (des émeus, oiseaux d’Australie) et le lieu (uniquement lorsque l’on parle du poisson ; les lieus noirs, quels que soient les lieux où vous les pêchez, sont aussi appelés colins).

Bravo ! Vous savez compter ! Il en manque un (mot). La dernière exception est enfeu (caveau funéraire, niche pratiquée dans une chapelle pour recevoir des tombes), qui vient du verbe enfouir et prend donc un s au pluriel.

Vous saviez tout cela ?


Mots terminés par eu… Par ici l’astuce !

Afin de mieux retenir une liste d’exceptions, rien de tel que d’inventer une petite histoire où toutes ces exceptions figurent. Un court récit vous permet en effet de créer un lien entre elles, de les visualiser.

Concernant les sept noms et adjectifs se terminant par eu et prenant un s au pluriel, imaginons : « Six ancêtres du baron Michelin de Pneu, y compris ses feus parents, reposaient dans les enfeus de la cathédrale. Sur leur blason bleu figuraient des animaux bien étranges, trois poissons et trois oiseaux : trois lieus et trois émeus. Bon, d’accord : tout cela est un peu neuneu. »

Bien entendu, sauf géniale exception, les histoires que vous retiendrez le mieux seront celles que vous aurez vous-même composées. Alors faites preuve d’imagination !


Sur les constantes orthographiques, lire également : Le pluriel des mots en au (« Tous les bateaux qui vont sur l’eau sauf les senaus »).


vendredi 13 novembre 2015

Rue du Trait-d’Union-qui-Rit (le trait d’union dans les noms de rue)

Une petite règle de typographie pour comprendre toute la différence entre Charles de Gaulle et Charles-de-Gaulle.
Ours (informations sur le journal) du quotidien Le Monde. Dans l’adresse du journal, « rue Auguste-Blanqui », il y a bien un trait d’union entre « Auguste » et « Blanqui ».
Un « Auguste » révolutionnaire a donné son nom à un boulevard parisien. C’est là que siège la rédaction du journal Le Monde. L’ours dudit journal le rappelle tous les jours : « 80, boulevard Auguste-Blanqui... » Avec un trait d'union !

Écoutez cette petite histoire qui illustre parfaitement l’importance du sujet du jour (l’usage des traits d’union dans les dénominations composées, notamment les noms de rue).

On raconte que le recteur d’une modeste paroisse du diocèse de Quimper et de Léon fut un jour invité à prêcher lors d’une grand-messe en l’église Saint-Louis de Brest.

Le vieil abbé, humble et pieux, savait que son éloquence n’était pas la cause première de cette invitation : une épidémie de grippe, particulièrement sévère, frappait alors un grand nombre de ses confrères.

Un peu chamboulé, l’abbé écrivit deux lignes à son évêque aussitôt après son intervention. « Monseigneur, moi, indigne serviteur du Christ, j’ai eu la grande joie de parler ce matin à Saint Louis. » Le prélat lui répondit dans la foulée : « Cher Recteur, je connais votre humilité, et même, disons-le, votre sainteté, mais dois-je comprendre que vous êtes intervenu dimanche dernier en l’église Saint-Louis de Brest, ce dont je me réjouirais déjà pleinement avec vous, ou dois-je rendre grâce au Seigneur d’avoir dans mon diocèse un prêtre ayant eu l'insigne honneur de converser avec notre défunt roi de France ? »

Eh oui ! Un simple trait d’union peut changer bien des choses.

Traits d’union dans les noms de rue : ce que vous savez sans le savoir

Adresse des éditions du Rocher : 28, rue Comte-Félix-Gastaldi, avec des traits d’union entre "Comte" et "Félix", entre "Félix" et "Gastaldi".
Les maisons d’édition sérieuses respectent
scrupuleusement ces règles.
Avenue du Maréchal-Foch, place du 11-Novembre, boulevard Henri-IV, rue Jean-Bodin, impasse du Pré-aux-Clercs… Les divers éléments composant un nom de rue sont liés par des traits d’union.
Et il en est de même ‒ ce que notre recteur a oublié sous le coup de l’émotion ‒ des noms d’édifices (église Saint-Louis), de villes (Saint-Nicolas-du-Pélem), de complexes culturels ou sportifs (centre Georges-Pompidou, Roland-Garros), d’associations (société Saint-Vincent-de-Paul)… (Lire également notre article sur le mot saint : Saint, petit s ou grand S.)

Le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale énonce cette règle de la manière suivante : « Dans une dénomination composée, tous les noms, à l’exception de l’article initial, sont liés par des traits d’union. »

Les adresses que vous écrivez sur vos enveloppes, quant à elles, n’en comportent pas, mais elles sont bien les seules, car elles sont soumises aux règles particulières du Code postal. Il est également à noter que tous les mots composant ces dénominations, excepté les articles et les pronoms, prennent une majuscule : rue du Chat-qui-Pêche, place des Cinq-Martyrs-du-Lycée-Buffon.

Il vous semble découvrir cette convention typographique ! Elle vous étonne. Pourtant vous la connaissez, c’est certain : depuis votre petite enfance, dans tous les journaux, dans tous les livres, vous l’avez constamment vue utilisée.

Il nous faut encore préciser que cette règle ne relève pas de l’arbitraire (la petite histoire introduisant cet article nous le démontre amplement). Elle facilite notre lecture, nous permet d’identifier d’emblée des lieux, de les différencier (surtout lorsque leur appellation est abrégée) des personnages dont ils portent les noms.

« Je n’aime que toi »

Vous voulez d’autres exemples ! « En 1969, j’ai vu Charles-de-Gaulle. [Les traits d’union, même inconsciemment, vous font tout de suite penser à un lieu.] À cette époque, l’aéroport ne s’appelait pas encore ainsi et était en pleine construction. »

En revanche, s’il est écrit : « En 1969, j’ai vu Charles de Gaulle », c’est bien du général lui-même qu’il est question.

Et que penser de ce jeune homme qui écrirait à sa petite amie (à propos de l’un de ses anciens lycées) : « Je dois te faire une confidence : de toute ma vie, je n’ai jamais aimé que Marie Curie. »

Pour peu que la jeune fille ne connaisse ni Marie Curie, ni de lycée Marie-Curie…


Ah, au fait… Vous avez peut-être oublié cette règle très particulière : quand faut-il accorder ci-joint ?  C’est ici : ci-joints ou ci-joint ?

mercredi 14 octobre 2015

Un revolver à barillet sous un ciel constellé d’étoiles (les pléonasmes)

Laissez-moi vous conduire au paradis des pléonasmes ! Chut… Entrez !
marche à pied pléonasme, dune de sable pléonasme
Leur marche à pied les conduisit à monter en haut d’une dune de sable. Trois pléonasmes en une phrase. Qui dit mieux ?
Bienvenue dans le petit monde des pléonasmes involontaires !

Personnellement, j’ai une affection toute particulière pour ces innombrables assemblages de mots, la plupart du temps considérés comme fautifs, où le « je descends en bas » côtoie la « dune de sable », la « marche à pied », le « je monte en haut »… Tous ces bouts de phrase dont on sait pertinemment qu’ils sont pléonastiques (on nous l’a assez répété), mais que l’on se surprend parfois à prononcer avant de se dire intérieurement : « Zut, il m’a encore échappé celui-là ! »

Pléonasme : « Terme ou expression qui ne fait qu’ajouter une répétition à ce qui vient d’être énoncé » précise le Petit Robert, citant comme exemple vicié « prévoir à l’avance ».

« Faire une chute verticale »

Allons-y pour les plus courants : « ajouter en plus », « faire une chute verticale », « achever complètement », « une erreur involontaire », « comparer entre eux », « une heure de temps », « une petite maisonnette », « un monopole exclusif », « reculer en arrière », « passer en première priorité », « refaire encore » ou « répéter de nouveau », « il suffit simplement », « tous sont unanimes », « la topographie des lieux », « se réunir ensemble » ; « observer attentivement » ; « augmenter davantage ».

Encore quelques-uns ? Bon, d’accord : « commencer d’abord », « avérer vrai », « au grand maximum », « s’entraider mutuellement », « une apparence extérieure », « un hasard inattendu », « crier à haute voix », « mais… cependant », « mais… néanmoins », « mais… pourtant », « ainsi donc », « assez satisfaisant », « à haute altitude », « un faux prétexte », « un petit nain et un grand géant », « une double alternative », « car en effet », « se suicider soi-même », « un pédiatre pour enfants »…

Une secousse sismique ?!? Oui, pléonasme

Dans le même ordre d’idée, il sera tout aussi inutile de préciser d’un revolver qu’il est à barillet, puisque tous les revolvers en ont un, de dire d’un ciel – comme je l’ai encore lu récemment dans une enquête policière à succès – qu’il est constellé d’étoiles (constellé signifiant déjà parsemé d’étoiles).

Si le Petit Robert semble accepter aujourd’hui « dépenses somptuaires », le Dictionnaire des difficultés de la langue française (éditions Larousse) le considère toujours comme un pléonasme (somptuaire signifiant « relatif aux dépenses »). Il en est exactement de même pour « secousse sismique » (sismique venant du grec seismos signifiant choc, secousse).

Dessin de deux mains qui applaudissent.
« Applaudir des deux mains » !
Pléonasme ou non ?
Personne, en revanche, ne remet en cause des pléonasmes entérinés par le temps, tels que « saupoudrer de sel » (sau se traduisant bien par sel), ou tout simplement « aujourd’hui », formé de jour et de hui (venant de hodie = en ce jour). Mais n’en profitez tout de même pas pour abuser du très en vogue « au jour d’aujourd’hui » !

Nous avons déjà parlé sur ce blog d’une autre expression qui peut être aussi considérée comme pléonastique. Nous nous contenterons donc de vous renvoyer à ce court article consacré à « assurer le gîte et le couvert ».

Et « applaudir des deux mains », pléonasme ou non ?

Sachant que l’immense majorité de nos congénères en ont bien deux, qu’elles sont toutes deux nécessaires pour accomplir ce geste… Oui, l’expression « applaudir des deux mains » est effectivement pléonastique. Elle fait d’ailleurs partie d’une liste de pléonasmes fautifs concoctée par l’auteur d’un livre, par ailleurs excellent, destiné à préparer des étudiants au concours très sélectif d’orthophoniste.

Le très rigoureux Dictionnaire des difficultés de la langue française mentionne pourtant laconiquement : pléonasme admis (donc non fautif). Ha ! Un pléonasme que l’on a le droit d’utiliser ! Et pourquoi donc ? Tout simplement parce que l’expression a pris une signification précise que le verbe « applaudir », utilisé seul, ne parviendrait pas à retranscrire : « Applaudir sans réserve. »

Pour envoyer un CV ou une lettre de motivation, pour transmettre un document à son patron ou à un client Il vaut mieux savoir accorder ci-joint. Or l’accord de ci-joint répond à une règle bien précise, que beaucoup ont oubliée : Ci-joint, ci-jointe, ci-joints ?

Une formation en orthographe ? À Brest, à Rennes... Un monde sans fautes !

vendredi 2 octobre 2015

Citations : juste une mise au point (le point avant ou après le guillemet ?)

Vous aimez utiliser de temps à autre une citation afin de rendre vos écrits plus attrayants ? Bravo ! Rien de tel, en effet, pour capter l’attention de vos lecteurs. Pourtant, il vous arrive parfois d’hésiter : « Dois-je mettre le point final avant ou après le guillemet fermant ? » Réponses.
Photo d’une page de Saint-Exupéry, sur laquelle on voit le point final d’une citation avant le guillemet fermant.
Ah ! La Pléiade… Voilà une superbe collection qui respecte, bien évidemment, les usages typographiques !

« Une phrase commence par une majuscule et se termine par un point. » Pas plus tard qu’hier, l’une de mes filles (CE1) s’est vu retirer un point à son auto-dictée parce qu’elle avait justement omis d’en mettre un [point] à la fin de sa phrase. Et si je me permets de vous rappeler cette règle élémentaire, c’est qu’elle va grandement nous aider à comprendre notre sujet du jour : la place du point à la fin d’une citation.

Imaginez à présent l’une des premières pages d’un ouvrage où figurerait, seule, une citation.

« Il n’est de richesse
que
d’hommes ».
                          (Jean Bodin)

Cela ne vous choque pas ? Moi, si. Une phrase commence par une majuscule et se termine par un point. Ici, elle commence avec Il et se termine juste après hommes. Le point de même que les points d’interrogation, d’exclamation, de suspension devra se trouver avant le guillemet fermant (il est inclus dans la citation) :

« Il n’est de richesse
que
d’hommes. »
                           (Jean Bodin)

Cette règle typographique est bien entendu en usage à l’Imprimerie nationale. On l’appliquera aussi pour toutes les citations insérées dans un texte, dès lors qu’elles forment une phrase complète et sont introduites par un deux-points.

Les enfants s’écrièrent : « C’est trop compliqué la ponctuation et la typographie ! » Ils étaient cependant heureux…
(La phrase suivante commence directement après les guillemets.)

En revanche, si la citation ne constitue qu’un segment de phrase fondu dans un texte, le point final sera placé à l’extérieur des guillemets.

Ce à quoi le professeur leur répondit que la typographie n’était qu’un code, « généralement connu de tous, destiné à rendre les écrits plus lisibles ».
(Vous remarquerez ici : l’absence de deux-points ; l’absence de majuscule au premier mot de la citation ; le point final qui est celui de la phrase commençant par « Ce ».)

Vous ne vous étiez jamais posé de questions à ce sujet ?



D’autres questions concernant la typographie ou la ponctuation ? Voici deux articles dont vous me direz des nouvelles :

Une formation pour adultes sur les participes passés ? Cela existe : Un monde sans fautes.

jeudi 24 septembre 2015

Adverbes, puddings et brasseries bavaroises (les adverbes en « ment », un « m » ou deux « m » ?)

Une simple explication pour savoir quand les adverbes en ment s’écrivent avec un m ou deux m. On y va ?

Pudding de Noël, pour expliquer les adverbes en « ment » !
Adverbes et puddings ! Euh, quel rapport ?

Je ne sais pas vous, mais moi, ils m’ont longtemps donné du fil à retordre ces adverbes se terminant par ment ! Fallait-il les orthographier : -ement, -ament, -amment, -emment ?

Oui, c’est vrai, il convient de toute manière de ne pas en abuser. Un par phrase, ça suffit. Sinon, votre écrit risque de devenir plus lourd qu’un pudding avalé à la fin d’un déjeuner dans une brasserie bavaroise.


Mais revenons à nos moutons. Un jour, j’ai redécouvert une petite règle, « bête comme chou », qui m’a bien aidé

Il faut tout d’abord avoir en tête que tous ces adverbes en ment se construisent à partir d’un adjectif : vrai (vraiment), gentil (gentiment), dur (durement)…

Et il est encore nécessaire de savoir que la plupart de ces adverbes en ment s’écrivent bien -ment, avec un seul : saintement, drôlement, pudiquement, joliment, etc. Sauf…

Adverbes en ment, les exceptions

Il y aura cependant deux grandes catégories d’exceptions.

– Les adverbes formés à partir d’un adjectif se terminant par ant doubleront leur m et conserveront le a du ant : élégant → élégamment ; méchant → méchamment ; suffisant → suffisamment…

– Les adverbes formés à partir d’un adjectif se terminant par ent doubleront leur m et conserveront le e du ent : apparent → apparemment ; innocent → innocemment ; intelligent → intelligemment…

Les adverbes en ment en résumé

  • Ils s’écrivent avec un seul m.
  • Sauf s’ils dérivent d’un adjectif se terminant par ant ou par ent.
  • Dans ce dernier cas, ils prennent systématiquement deux m.
  • Et ils reprennent alors, devant ces deux m, le e ou le a de l’adjectif dont ils dérivent.

Aaah ! On m’aurait dit cela plus tôt !

Vous rappelez-vous cette règle si particulière ? Quand accorde-t-on ci-joint : Ci-joint ou ci-jointe ?

Constantes orthographiques, homophones, participes passés... Consultez notre catalogue formations.

samedi 5 septembre 2015

Un jour « Cent » (l’accord des adjectifs numéraux)

Rentrée des classes oblige : cette semaine, petites révisions sur l’accord des adjectifs numéraux… histoire de ne plus faire de fautes sur vos cahiers (pour les plus jeunes) et sur vos chèques (pour les plus grands). Un, deux, trois, partez !
Une adolescente boudeuse, coude sur la table et tête appuyée sur sa main, essaie de comprendre la règle d’accord des adjectifs numéraux.
« “Super”, la rentrée ! Perso, j’aurais encore préféré des participes passés »
Au départ, tout est simple ! Les adjectifs numéraux (deux, huit, douze, sept, mille…) sont invariables : les sept mercenaires, les cinquante-cinq jours de Pékin, les quatre mille élèves.

Même lorsqu’ils sont exceptionnellement employés comme noms, les chiffres ne s’accordent pas : un joueur de poker, par exemple, peut avoir quatre sept en main. (Il convient de rappeler que zéro, million, billion, milliard, sont des noms communs et non des adjectifs numéraux : ils s’accordent.)

Jusque-là, c’est enfantin ! Et retenons une fois pour toutes que mille, adjectif numéral, ne prend jamais de « s », y compris dans l’expression « gagner des mille et des cents ». Aïe ! L’expression qui fâche : pourquoi mettre ici un « s » à cent et pas à mille ?

Si les adjectifs numéraux sont toujours invariables, il existe tout de même deux exceptions : vingt et cent.

Excepté les Vincent (accord de cent et de vingt)

Vingt et cent prennent un « s » quand ils ne sont pas suivis d'un adjectif numéral et qu’ils sont multipliés par un chiffre supérieur ou égal à deux (pour vingt, il n’existe que le cas du quatre : quatre-vingts chaises). Ils demeurent autrement invariables.

On copiera sur son cahier « deux cents lignes » (cent est ici multiplié par deux et n’est pas suivi d’un autre chiffre, donc il s’accorde), « deux cent deux mots » (cent est suivi d’un chiffre, il ne s’accorde pas).

De la même manière, on écrira « quatre-vingts tableaux », mais « deux mille trois cent quatre-vingt-deux craies » (mille est toujours invariable ; cent est invariable puisque suivi d’un nombre ; vingt également invariable car suivi de deux).

Ne nous laissons pas non plus tromper en écrivant, par exemple, « deux mille vingt écoliers ». Ici, vingt n’est pas multiplié par quatre ; il s’agit bien de deux mille (plus) vingt écoliers.

On suivra un raisonnement à peu près analogue pour les expressions « faire les cent pas » et « gagner des mille et des cents ». Dans le premier cas, il s’agit d’une seule centaine de pas ; de plusieurs centaines dans le second. Et le mot centaine que nous venons d’employer a son importance. Il explique à lui seul ces exceptions que constituent vingt et cent. Pourquoi ?

Accords de vingt et cent : tout sauf arbitraire

La langue française est très logique. En même temps que l'explication de ces exceptions, voici un petit moyen mnémotechnique pour savoir quand accorder vingt et cent : on les accorde uniquement lorsqu’ils peuvent être remplacés par vingtaine et centaine.

Et c’est justement parce qu’ils remplacent ces deux noms que l’on a continué à leur ajouter, dans ces cas-là, un « s ». « Deux cents billes » (deux centaines de billes) ; « Deux cent trois billes » (deux centaines trois billes) ; « Deux mille deux cents cartables » (deux mille cartables et deux centaines d’autres) ; « Quatre-vingts crayons » (quatre vingtaines de crayons).

Lorsque cent et vingt ne sont pas suivis d’un adjectif numéral, ils sont donc assimilés à des noms communs ; dans le cas contraire, ils demeurent des adjectifs numéraux à part entière.

Jusqu’à la page deux cent

Plus que deux points à examiner et vous serez fin prêts pour cette rentrée.

Pourquoi écrit-on « deux cent mille élèves », sans « s » à cent, et « deux cents millions d’euros » en en mettant un ? Tout simplement parce que dans le premier cas cent est suivi de mille (adjectif numéral, donc pas d’accord) ; dans le second cas, il est suivi de million (nom commun – comme déjà signalé –, donc accord).

Et le titre de ce paragraphe, alors : « Jusqu’à la page deux cent » ? Pourquoi ne pas mettre de « s » à cent ? Essayez de remplacer cent par centaines ! Dans cet exemple, il faut comprendre : « Jusqu’à la deux centième page. Cent désigne ici un rang et non plus une quantité ; il est adjectif numéral ordinal et non plus adjectif numéral cardinal (désolé pour les « gros » mots).

On retrouvera ce même cas de figure, assez fréquent, dans la mention des années : « L’an neuf cent » (la neuf centième année) ; « Les années quatre-vingt »…

Vous avez appris quelque chose ? Si vous le souhaitez, vous trouverez ci-dessous un résumé. Sinon, voici un autre petit rappel : Mil ou mille (quand peut-on écrire mil) ?

Accord des adjectifs numéraux… Résumons-nous

* Les adjectifs numéraux sont invariables (les sept points cardinaux, deux mille élèves).

accord de vingt, cent avec ou sans s
« Eh mais c’est trop top [très bien] ton truc !
Sauf que, à mon avis,
t' [tu] aurais dû commencer par le résumé. »
* Zéro, million, milliard s’accordent car ils sont des noms communs (huit millions).

* Si les adjectifs numéraux sont invariables, vingt et cent sont considérés comme des noms lorsqu’ils ne sont pas suivis d’autres chiffres. Ils sont alors remplaçables par vingtaine et centaine et s’accordent alors comme n’importe quel nom commun (trois cents surveillants, deux cent deux pions, quatre-vingts parents, quatre-vingt-cinq professeurs).

* Parfois adjectifs numéraux ordinaux, cent et vingt ne peuvent plus être remplacés par vingtaines et centaines (ils sont alors synonymes de vingtième et centième) et sont là aussi invariables (la page quatre-vingt de ce livre, l’an six cent).



Un petit voyage dans le si joli monde des pléonasmes ? Allez, laissez-vous tenter : Un revolver à barillet sous un ciel constellé d’étoiles (les pléonasmes).


Une formation en orthographe à Brest et Saint-Brieuc, à Rennes et Saint-Malo ? Une seule adresse : « Un monde sans fautes » !

mercredi 24 juin 2015

Ah, mon bon monsieur !

En quelques années, cette faute s’est répandue à vitesse grand V.
Chèque de la Banque Postale sur lequel il est écrit « Mr » au lieu de « M. »Mr ou M.
Un « Mr » très importun s’est incrusté sur la plupart de vos chéquiers.

Moi je vous le dis : « Tout fout le camp ! » Un « Mr » (un « Mr » très importun) s’est incrusté sur une foule de boîtes aux lettres, sur la plupart de vos chéquiers, dans de nombreuses correspondances. Pire encore : un célèbre magasin de bricolage exhibe fièrement son « Mr » aux yeux de tous ! Plus personne, ou presque, ne réagit. Même des professeurs des écoles, des enseignants du secondaire utilisent innocemment cette malencontreuse abréviation de « Monsieur ». Une abréviation qui, rappelons-le, s’écrit « M. » en bon français.

« Il y a plus grave dans la vie, me ferez-vous gentiment remarquer. Pas besoin de vous mettre dans un état pareil. » Oui, c’est vrai, il y a plus grave : écrire « Melle » au lieu de « Mlle », par exemple !!!

Plus sérieusement, ce sont là de petites fautes qu’il convient d’éviter sur vos CV, dans vos lettres de motivation, sur vos chèques, sur les enveloppes destinées à vos clients…
Et puis, ce n’est tout de même pas si compliqué :
  • Monsieur s’écrit M. ; Messieurs, MM. ;
  • Madame s’écrit Mme ; Mesdames, Mmes ;
  • Mademoiselle, Mlle ; Mesdemoiselles, Mlles ;
  • Maître, Me ; Maîtres, Mes ;
  • Docteur, D;
  • Monseigneur, Mgr.


Autres fautes fréquentes sur les chèques : euro prend bien un s au pluriel (dix-huit euros). Euh ! Je pense aussi qu’il ne serait pas inutile de revoir de temps en temps, en entreprise, quand vingt et cent prennent un s… On oublie si vite, ces choses-là !


Se perfectionner en orthographe ? Un monde sans fautes vous attend (Rennes, Brest, Saint-Brieuc…).

mardi 16 juin 2015

Dans les siècles des siècles (siècle ou siècles)

Il est des pièges à éviter – et quelques conseils à suivre – pour bien écrire « siècle » en toutes circonstances. De l’orthographe à la typographie… Suivez le guide !

Copie d’écran d’une interview publiée sur le site de l’université Sorbonne Nouvelle où apparaît une faute d’accord sur le mot « siècle » : « Les 17e et 18e siècle » (sic).
Extrait d’une interview publiée sur le site de l’université Sorbonne Nouvelle. Une faute, non ?

Écririez-vous : « le dix-septième et le dix-huitième cheval », ou « le dix-septième et le dix-huitième chevaux » ? Vous préférez nettement la première solution ? Vous avez raison ! Voilà pourquoi vous orthographierez de la même manière : « le dix-septième et le dix-huitième siècle », en évitant soigneusement d’écrire « siècle » au pluriel.
Cheval noir dont on voit bien les dents et qui semble rire.
« Alors moi, si j’peux
rendre service,
n’hésitez pas. »

Avec « les » placé devant, en revanche, vous ajouterez comme il se doit un « s » à ce mot (les dix-septième et dix-huitième siècles/chevaux).

Bref, si l’accord de vos siècles vous laisse parfois dubitatifs, le recours à quelques canassons vous aidera toujours à trouver la bonne orthographe.

Petites majuscules, supérieures et tutti quanti

À présent, examinons l’écriture des siècles en abrégé. Euh, soit dit en passant, vous devriez peut-être vérifier tout d’abord, en cliquant sur le lien suivant, si vous connaissez bien les abréviations des adjectifs numéraux (2e, les 2es, la 1re, etc.). La plupart des gens font des fautes à ce sujet.

Couverture d’un Lagarde et Michard (livre scolaire) sur la littérature du XVIIIe siècle.
Ah ! Les
Lagarde et Michard
utilisent la bonne
typo !
Bon ! Revenons à présent à nos moutons et à nos siècles  C’est en chiffres romains qu’il est fortement recommandé de les écrire (les Ier et IIe siècles). Jusque-là, ça va. Notons que si l’on veut abréger « avant » ou « après Jésus-Christ », on écrira « av. J.-C. » et « apr. J.-C. ». Il est également recommandé de placer les abréviations de ces nombres ordinaux en « exposant » (on nommera ces lettres : « les supérieures »). Ces supérieures s’écriront toujours en minuscules (ou bas de casse) : Ier siècle et non IER siècle. Rappelons que « premier » s’écrit Ier (« er »), et que le « -ième » de deuxième, troisième, dix-huitième, etc., s’abrège tout simplement avec un « e » (XVe siècle ; XVIIe siècle).

Signalons enfin, pour ceux qui voudraient aller plus loin, que les chiffres romains utilisés pour désigner les siècles s’écrivent normalement en petites majuscules (XVe et non XVe). Cela implique non seulement d’effectuer quelques recherches sur votre traitement de texte, mais aussi d’ajuster la hauteur de vos supérieures pour donner le plus bel effet à votre écriture (ce qui nous est d’ailleurs techniquement impossible à réaliser sur ce blog).

Et s’il vous reste quelques questions à ce sujet… N’hésitez pas à nous les poser !

Et cet article sur l’accord de nous-même vous intéressera sûrement aussi : alors, nous-même, nous-mêmes ?

Formation sur les participes passés (Brest, Rennes...) : consultez nos formules !