mercredi 25 février 2015

Ci-joint mon CV, avec une belle faute en prime

Ci-joint ou ci-jointe ? On utilise si souvent ce ci-joint : ce serait vraiment trop bête de faire une faute d’accord en l’écrivant. Tout savoir sur ci-jointen quatre points !
Ci-joint ou ci-jointe, ci-joint ou ci-joints
« Oh nooon ! C’est pas vrai ? J’ai fait la faute en envoyant mon CV… »


Alors là, comme qui dirait, « ça la fout mal ». Un e-mail de deux lignes à écrire pour envoyer un CV et une lettre de motivation à un employeur et une faute !

« Monsieur le Directeur,

Vous trouverez ci-joints CV et lettre de motivation demandés dans votre annonce n°… »

D’accord ! Elle n’est pas très drôle cette règle concernant « ci-joint », « ci-inclus », « ci-annexé », mais avouez qu’il est si fréquent d’utiliser le premier qu’il serait vraiment dommage de ne pas connaître la manière dont il s’accorde.

Ci-joint en 4 cas

Il existe quatre cas de figure. Trois sont très simples.
  • « Ci-joint » s’accorde lorsqu’il suit le nom auquel il se rapporte : « Vous trouverez ma lettre de motivation ci-jointe. »
  • « Ci-joint » est invariable lorsqu’il est en tête d’une phrase ou d’une proposition principale : « Ci-joint, vous trouverez ma lettre de motivation. »
  • Il est également invariable quand, au cœur de la phrase, il précède directement (sans article ou autre déterminant) un nom ou un groupe nominal : « Veuillez trouver ci-joint CV et lettre de motivation demandés. »
Jusque-là, ça va, tous les grammairiens sont d’accord. Ensuite, cela se complique un peu. Il nous reste un seul cas : « ci-joint », placé au cœur de la phrase, précède un nom lui-même précédé d’un article ou d’un autre déterminant : « Veuillez trouver ci-joint(e) la lettre de motivation demandée. » Alors, accord ou pas accord ?

Ci-joint ou ci-joints… C’est la guerre !

Dans ce cas précis, le Dictionnaire des difficultés de langue française (Larousse, 2007) est catégorique : « Ci-joint » est alors adjectif et s’accorde.

Le Dictionnaire d’orthographe et de difficultés du français (Robert, 2010) est non moins catégorique : « ci-joint » est alors adverbe et ne s’accorde pas.

« Et moi alors, je fais quoi ? », me demanderez-vous. Et une fois n’est pas coutume, je vous répondrai : « Comme il vous sied. » C’est en tout cas ce que préconise aussi Le Bon Usage (Grevisse), de même que l’Académie française dans son tout récent Dire ne pas dire (Éditions Philippe Rey, 2014), estimant que « l’usage n’est pas fixé ».

Je dois vous confesser que mon cœur balance souvent en faveur du Larousse. Qu’à cela ne tienne : dans les années cinquante, le Larousse du XXsiècle notait déjà que les deux solutions étaient possibles.

Si vous êtes un adepte des règles faciles à mémoriser, vous pouvez donc simplifier les choses en retenant : « Ci-joint est invariable lorsqu’il précède le nom… et s’accorde avec lui quand il le suit. »  

Mais la prudence est une vertu

Toutefois, en ce qui concerne la recherche d’un emploi (et uniquement dans ce cas), je vous conseillerai de ne pas utiliser cette tournure de phrase (« ci-joint » au cœur de la phrase, + article, + nom). Le choix de votre accord pourrait ne pas convenir à votre interlocuteur qui, selon qu’il ait en tête l’une ou l’autre des références précitées (le Larousse des difficultés ou le Robert), pourrait croire que vous avez commis une faute (à ses yeux impardonnable puisque c’est lui, évidemment, qui connaît la bonne règle).

Et là, vous n’aurez plus jamais l’occasion de lui dire : « Oui, mais l’Académie française (et plus modestement unmondesansfautes.blogspot.com) affirme que dans ce cas… »


On écrit « une dictée sans fauteS », « un monde sans fauteS »… L’accord après « sans » répond à une logique particulière. Et vous, avez-vous la bonne logique ? C’est ici :
L’accord après sans, un monde sans fauteS !


Connaissez-vous les formations « Un monde sans fautes » ? 

mardi 10 février 2015

Torchons, serviettes et raccourcis de l’impossible

Des homophones dans tous leurs états. Résoudrez-vous cette énigme ?
Homophones, devinette
« D’après moi ça s'écrit… Non ! Peut-être pas… »
On vous a sûrement déjà posé ce genre de colle dans votre vie [c’était un frère ou une sœur, un copain dans la cour de récréation, un collègue de travail, ou encore ce monsieur bien gentil mais un peu raseur qui vous a accosté un jour dans une file d’attente]. Peut-être même vous a-t-on posé cette question plusieurs fois à quelques années d’intervalle. Et là, vous vous êtes dit : « Zut, il y a un truc, c’est quoi déjà la réponse ? »

Cette fameuse devinette concerne les homophones, ces mots qui s’écrivent différemment mais se prononcent de la même manière (par exemple par monts et par vaux, et non par veaux ; boire dans un verre et non dans un ver, etc.).

Voici quelques jours, une cousine m’a envoyé l’une des innombrables versions de ce casse-tête à la mode hexagonale : « Dans une main, j’ai un ver de terre ; dans l’autre, un verre d’eau. J’ouvre les deux mains et les deux (ver…) tombent. Comment faut-il écrire "ver…" ? »

Allez ! Pour ceux qui n’ont jamais eu à réfléchir à ce type de problème, je laisse encore quelques secondes (tic-tac, tic-tac…). Ça y est ? Vous n’avez pas trouvé ? Changez la donne : demandez-vous ce que vous diriez si vous aviez entre les mains une pomme et une orange. En relâchant vos dix doigts, vous aurez beau faire, vous ne laisserez tomber ni deux pommes, ni deux oranges, ni deux « pomranges ».

Cette devinette, vous l’avez compris, brille par son absence de réponse. La seule échappatoire : éviter ce raccourci de l’impossible en répétant les deux termes (j’ouvre les deux mains et le ver et le verre tombent), ou trouver un terme générique lorsque cela est possible (« fruits », dans le cas de la pomme et de l’orange).
 

Un tour de passe-passe

« Non, non, non ! Ce n’est pas vrai, il y a une réponse à cette question », me crient plusieurs voix indignées. Bon, d’accord ! Des petits malins ont effectivement réussi à contourner le problème en préconisant d’écrire entre crochets, et phonétiquement, [vɛr]. Déjà, si vous avez l’habitude de voir une telle écriture au cœur d’un livre ou d’un journal, n’hésitez pas à me le faire savoir. Et puis, vous aurez beau faire, un tour de passe-passe n’empêchera jamais un ver et un verre, un pair et un père, une mer et une mère, de même qu’une pomme et une orange ou des torchons et des serviettes… d’être de natures différentes.

J’ai une devinette : un sot portant un seau tombe par terre. On relève les deux [s…]. Comment écririez-vous [s…] ?

À Rennes où à Brest, améliorez votre expression écrite avec Un monde sans fautes !