jeudi 26 mai 2016

Ces mots qui ne s’inventent pas (4)

Ce sont des mots que l’on rencontre assez fréquemment ! On ne se doute pas toujours qu’ils s’écrivent bien ainsi.

Photo d’une page de Michel Vaillant où apparaît dans une bulle la confusion entre balade et ballade.
Michel ! On se contentera d’une petite balade, avec un l !

Petite BALADE avec Michel Vaillant

Ces temps-ci, mes filles pensent à leur papa. Lorsqu’elles se rendent à la médiathèque de Gouesnou (Finistère), au milieu de leurs Schtroumpfs, de leurs Tintin et autres BD, elles rapportent souvent… des aventures de Michel Vaillant (pilote de Formule 1).
Bon ! On ne peut pas dire que j’aime beaucoup les sports mécaniques (ni d’ailleurs la mécanique tout court), mais les histoires de Michel Vaillant – très bien conduites –, ça, c’est autre chose.
Oui, les personnages, les intrigues et le style de Jean Graton (l’auteur) me plaisent bien. Samedi dernier, donc, je feuilletais vaillamment un album, quand soudain, je pilai sur une faute : « Et voilà ! C’est malin ! Finies, les ballades en ski… »
Cette sortie de route est fréquente. Très fréquente. Le mot ballade existe bien. Les ballades sont des poèmes, des morceaux de musique qui illustrent ces poèmes.
On connaît la Ballade des pendus, de François Villon, les Odes et Ballades de Victor Hugo, les ballades irlandaises, celles de Schiller et de Chopin, et même – les puristes me pardonneront –, La ballade des gens heureux de Gérard Lenorman !
Mais la promenade dominicale, la balade que l’on fait à pied, à vélo ou à skis, elle, ne prend qu’un seul l. 

P. S. Il est également préférable de faire une balade à skis plutôt que en ski.
 
 

Nul n’est CENSÉ ignorer l’orthographe !

Non, il n'est pas sensé venir demain. Il est censé venir demain. Tous les ouvrages et sites spécialisés soulignent la fréquence de cette confusion entre censé et sensé. Pourtant, l'erreur reparaît très souvent dans les écrits. Alors certainement est-il nécessaire de le répéter :
Censé vient d'un ancien verbe, censer, qui voulait dire juger. Censé signifie aujourd'hui supposé (l'élève est censé connaître ses leçons ; nul n'est censé ignorer la loi).
Sensé, son homonyme, dérive de sens. Être sensé, c'est être réfléchi, avoir du bon sens (un homme sensé, une idée très sensée).
Confondre censé et sensé ! Cela peut paraître en effet insensé !


Photo d’une page de Tintin au Tibet où apparaît la faute lamasserie au lieu de lamaserie.
Mais pourquoi, Tintin ? Pourquoi cette « lamasserie » ?

De la balade de Vaillant à la LAMASERIE de Tintin

Oui, j'en conviens, ce terme n'est pas très usité, mais comme nous sommes partis dans le monde de la BD !
Hergé et les éditions Casterman (tout comme aujourd'hui Jean Graton et ses éditions) ne laissaient passer que très peu de fautes. Néanmoins, dans Tintin au Tibet, paru en 1960, surgit deux fois le mot lamasserie.
Il y a très longtemps, cette orthographe a été utilisée, notamment par F. Denis en 1857. Le vocable lamaserie (avec un seul s), qui désigne donc aussi le monastère des moines tibétains, est apparu quant à lui un peu avant, en 1850, et s'est très vite imposé. Littré l'orthographie ainsi en 1867.
En 2016, aucun dictionnaire (que ces ouvrages soient d'ailleurs français... ou belges) ne l'écrit autrement. Tous les ouvrages de référence en mentionnent la phonétique, avec ce s qui se prononce bien [z].
Le Dictionnaire d'orthographe et de difficultés du français (Robert) ajoute même : « Ne pas écrire lamasserie. »
Alors on se demande vraiment pourquoi les éditions Casterman persistent à réimprimer depuis 1960 (en 2012 encore) cette incongruité orthographique !


Vous en redemandez ? Ces mots qui ne s’inventent pas (1)

                                              Ces mots qui ne s’inventent pas (2)

                                              Ces mots qui ne s’inventent pas (3)

                                              Ces mots qui ne s’inventent pas (5)
                                                 
                                                 
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jeudi 12 mai 2016

« Au temps pour moi » : l’explication !

Les médias en ont beaucoup parlé ces dernières années. Oui, au temps pour moi – qui signifie « je reconnais que je me suis trompé » – s’écrit bien ainsi. Mais pourquoi donc ?

Garde républicain à cheval. C’est de la cavalerie que vient l’expression Au temps pour moi.
« “Au temps”, “Au temps” qu’ils disaient… Et le temps de pause alors ? »
Peut-être vous souvenez-vous des articles parus sur ce blog au sujet de « sabler le champagne », « coupes sombres et coupes claires », « le vivre et le couvert ». Les erreurs commises à leur propos, comme c’est le cas pour au temps pour moi, sont liées à l’oubli de leurs origines.

Alors justement ! quelle est l’origine de l’expression de ce jour ? « Elle est militaire » nous dit l’Académie française dans son ouvrage Dire, ne pas dire. « Au temps ! » (pour tous les exercices qui se font en plusieurs temps) s’emploie pour « commander la reprise d’un mouvement depuis le début. »

Et les Immortels de prendre pour exemple « au temps pour les crosses », employé quand, dans le maniement des armes, le bruit des crosses n’a pas été synchrone.

L’Académie poursuit : « De ce sens de c’est à reprendre, on a pu glisser à l’emploi figuré. On dit au temps pour moi pour admettre son erreur – et concéder que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début. »
Mais ce qui va suivre vous éclairera bien davantage encore…


« Au temps pour moi ! »… C’était au bon vieux temps des manèges

Voici quelques mois, sur les ondes de France Info, l’écrivain Jean-Joseph Julaud racontait qu’il avait été conduit à compulser des dictionnaires d’argot militaire du XIXe siècle. Il y avait retrouvé ceci…

Dans les manèges, l’officier instructeur demandait à tous les cavaliers d’effectuer le même mouvement. Il lui fallait parfois rappeler ses élèves à l’ordre afin qu’ils retrouvent la bonne cadence. « Au temps ! », leur ordonnait-il alors.

Les cavaliers recommençaient donc l’exercice, non sans avoir auparavant reconnu implicitement leur erreur en s’écriant : « Au temps pour moi ! »

À lire aussi : « Vous trouverez ci-joint mon CV et ma lettre de motivation Ci-joint ou ci-joints ?

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mardi 10 mai 2016

Ces mots qui ne s’inventent pas (3)

Ce sont des mots (ou des expressions) que l’on rencontre assez fréquemment ! On ne se doute pas toujours qu’ils s’écrivent bien ainsi.

Dessin d’une sorte de gros viking barbu qui lève le doigt pour poser une question.
« Jeune, je ne sais pas…
mais à mon sujet, je
dirais plutôt rustre. »

Un jeune homme FRUSTE

Je suis sûr que vous auriez eu envie d’écrire frustre, non ? Eh bien c’est fruste !
Le Larousse nous dit que cet adjectif se rapporte à une personne « dont le discours ou le comportement manque de finesse », à un matériau « dont le relief est rude, grossier, la surface rugueuse », à « une maladie très atténuée dans son intensité ou dans ses symptômes ».
Le mot vient du latin frustum (« matériau ») et de l’italien frusto (« usé »), et c’est dans ce sens que l’on parlait – et que l’on parle toujours – de monnaie fruste, usée au point de ne plus avoir de relief, de caractères visibles.
Alors pourquoi sommes-nous aujourd’hui tentés d’ajouter un r à fruste ? Sûrement en raison de l’attraction du verbe frustrer et d’un autre adjectif : rustre (homme grossier et brutal).

Je lui offrirai des DAHLIAS

Mais que vient donc faire ce h devant ce ? D’où vient donc ce nom de fleur ? Vous aurez beau chercher, vous ne lui trouverez pas de racines grecques ou latines puisqu’il vient du nom d’un botaniste suédois, Anders Dahl (1751-1789).
Le directeur du jardin botanique de Madrid, Antonio José Cavanilles, reçut cette plante originaire du Mexique et d’Amérique centrale en 1789, année de la mort de Dahl. Il lui donna le nom de dahlia pour rendre hommage au disciple du célèbre botaniste Carl von Linné.

Il lui SAURAIT gré de

Il faut ar-ti-cu-ler ! C’est à force de marmonner (moi en premier) que l’on finit par confondre les sons, les syllabes, et par dire « je vous serais gré » au lieu de « je vous saurais gré ».
La bonne expression est donc savoir gré à quelqu’un, avoir de la reconnaissance pour quelqu’un, et non être gré à quelqu’un.


Vous en redemandez ? Ces mots qui ne s’inventent pas (1)

                                                 Ces mots qui ne s’inventent pas (2)

                                                 Ces mots qui ne s’inventent pas (4)

                                                 Ces mots qui ne s’inventent pas (5)
                                                 
                                                 
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mardi 3 mai 2016

Ces mots qui ne s’inventent pas (2)

Ce sont des mots que l’on rencontre assez fréquemment ! On ne se doute pas toujours qu’ils s’écrivent bien ainsi.


Un réveil, ou réveille-matin, rouge avec aiguilles.
Quoi ? Ce réveil rouge est un réveille-matin ?


Le mystère du RéveilLE-matin

Pour trouver un dictionnaire qui l’orthographie différemment, il faudra vous lever de bonne heure ! On écrit : un réveille-matin (pendule qui réveille au matin ; traditionnellement invariable au pluriel). Il est vrai, ce mot a un peu vieilli, et on lui préfère souvent son abréviation : un réveil (qui lui s’accorde au pluriel).

Mais ne vous en faites pas, de quelque manière que vous l’écriviez, si vous mettez à sonner vos réveille-matin à 6 heures, ces mêmes réveils vous sortiront effectivement du sommeil à l’heure dite.

Agir par ACQUIT de conscience

Si je vous dis cela, moi, c’est par acquit de conscience, afin que vous ne fassiez plus la faute. Je le fais donc pour l’acquit de ma conscience, pour en avoir la conscience dégagée. Le nom acquit signifiant ici action de s’acquitter.
Rien à voir, par conséquent, entre acquit et acquis, l’un venant du verbe acquitter et l’autre d’acquérir. Et on écrira donc bien différemment « agir par acquit de conscience » et « bien mal acquis ne profite jamais ».


La GLU (Allez ! On s’y colle !)

Vous connaissez les tubes de colle Uhu ? Oui, bien sûr, vous connaissez ! Eh bien, contrairement à ce qui est marqué sur chacun de ces tubes, la glu s’écrit sans e. Il est vrai qu’en anglais glue prend un e, et que justement la notice Uhu est rédigée dans la langue de Shakespeare.
En français, en revanche, glu est l’un des quatre mots féminins se terminant par le son u et s’écrivant sans : la bru (belle-fille), la glu, la tribu, la vertu.
Tous les autres prennent donc un e final. Non, non ! Vous n’avez pas la berlue !

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                                                 Ces mots qui ne s’inventent pas (4)
                                                 Ces mots qui ne s’inventent pas (5)
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