lundi 19 février 2018

Un monde sans fauteS (l’accord après « sans »)

Plusieurs lecteurs bien intentionnés m’ont fait part de leur étonnement de trouver un « s » à « faute » dans le titre de ce blog. Ce faisant, ils me suggéraient fort charitablement (ce dont je les remercie) que j’aurais peut-être commis, en la circonstance, une faute.

Malgré toute ma vigilance, il est possible que quelques erreurs, sournoises, comme tapies dans l’ombre, se cachent au cœur de ces pages. J’en suis désolé. Si vous en débusquez une, je vous saurais d’ailleurs gré de m’en informer. Mais ce n’est pas dans ce titre qu’il vous faudra la chercher. Le mot « faute » prend bien un « s » dans « un monde sans fautes », de même que dans « une dictée sans fautes ».

Couverture du livre d’Hector Malot,  "Sans famille".
« Ben oui ! Je ne recherche qu’une famille.
En revanche, si j’étais sans chaussures,
J’en rechercherais deux (chaussures). »
L’excellent Dictionnaire des difficultés de la langue française (A. V. Thomas, éditions Larousse) nous précise que :

« Sans peut être suivi du singulier ou du pluriel. Ainsi, on écrit : Être sans place, Des outils sans manche, parce qu’on ne peut occuper qu’une seule place à la fois et qu’un outil n’a qu’un seul manche ; mais généralement : Une femme sans enfants, Un gilet sans manches, parce qu’une femme peut avoir plusieurs enfants et qu’un gilet, quand il a des manches, en a toujours deux. »

Pluriel ou singulier après sans… Sous un ciel sans nuages
De la même manière, on écrira « une chemise sans boutons », « un ciel sans nuages », « une maison sans fenêtres et sans cheminée ».

La langue française n’étant pas rigide, il sera toutefois possible d’écrire « une maisonnette sans fenêtre » (suggérant ainsi qu’elle est si petite qu’elle ne pourrait guère en avoir plus d’une), « un château sans cheminées » ou, pour reprendre une exemple mentionné ci-dessus, « une jeune fille sans enfant » (si jeune qu’elle ne pourrait en avoir plusieurs)…

Et « une dictée sans fautes », alors ? Les ouvrages de grammaire l’écrivent bien ainsi. Sûrement parce que, dans un tel exercice, il est possible d’en commettre beaucoup [de fautes], mais surtout afin de mieux distinguer « sans fautes » (avec un « s ») de la locution adverbiale « sans faute », qui signifie « à coup sûr » (« Je serai à ce rendez-vous à 7 h 30, sans faute »).

Si vous voulez insister sur le fait qu’aucune faute n’a été commise dans une dictée, le français vous propose bien d’autres solutions : « Il a écrit une dictée sans aucune faute », « Il a fait zéro faute à sa dictée », « Il a réalisé un sans-faute [équivalent de zéro faute ; et notez le trait d’union] à sa dictée ».

Finalement, tout l’intérêt de la présence ou non de ce « s » se retrouve dans l’exemple suivant (découvert par hasard sur un forum) :
– Je vous écrirai demain sans faute.
À bien distinguer de :
– Je vous écrirai demain sans fautes.


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