mardi 26 mai 2015

Un jeune homme aux cheveux filasse (accord des adjectifs de couleur)

Une dernière petite couche pour ne plus faire de fautes aux adjectifs de couleur !

règle des adjectifs de couleur, cheveux filasse, orange, kaki
« Euh ! Vous n'avez pas oublié de s à filasse ? »
« Ouarkkkk ! C’est un site consacré au français et à l’orthographe et il y a une énorme faute dans le titre ! Il n’a même pas mis de « s » à filasse. »

Ben non ! Désolé, aucune faute dans le titre de cet article consacré aux adjectifs de couleur : pas plus de « s » à filasse que de glaçon dans un verre de whisky irlandais.

« Et pourquoi donc ? », me demanderez-vous. Eh bien allez donc poser la question aux Irlandais… Euh, veuillez m’excuser, c’est ce satané rhume, je m’emmêle un peu les pinceaux… Non, il n’y a pas ici de « s » à « filasse » parce que ces cheveux, d’un blond fade et sans éclat, sont de la couleur de la filasse, cette « matière textile végétale non encore filée » (Petit Robert).

« Et alors ? »

Les adjectifs de couleur invariables dans 3 cas

Alors ! Si les adjectifs de couleur s’accordent bien en genre et en nombre avec les noms auxquels ils se rapportent (des pantalons bleus, une orange bleue), ils deviennent invariables en trois circonstances :
  • lorsqu’ils sont accompagnés d’un autre adjectif qui les modifie (par exemple des yeux bleu foncé) ;
  • quand ils sont associés à d’autres couleurs (une plume bleu et blanc), et là, je vous conseillerais de lire un autre article essentiel pour bien comprendre tout cela, un article qui a certainement marqué l’histoire du Web (De l’importance de la couleur des vaches) ;
  • enfin (c’est le cas dans notre titre), lorsque le terme utilisé pour désigner une couleur est un mot commun pris adjectivement.
Abandonnons tout de suite le jargon grammatical pour prendre quelques exemples très concrets : des robes marron, sans « s », parce qu’elles sont de la couleur d’une chose (du marron ; et vous conviendrez aisément que l’on ne dit pas des robes marronnes) ; des maillots orange, sans « s », parce qu’ils sont de la couleur de l’orange. De même, on écrira : des barbes poivre et sel (de la couleur du poivre et du sel) ; des cheveux filasse (de la couleur de la filasse) ; des jupes rouges, ou bleues, ou jaunes… mais des chemisiers jonquille (de la couleur de la jonquille), ou corail, ou prune, ou pistache, ou groseille ou kaki (le kaki, rappelons-le, est le fruit d’un arbre d’origine japonaise).

Ils ont FRÉMI de Peur

« Des robes marron ? Des maillots orange sans « s » ?, mais on n’a jamais appris cela ! »

L’accord des adjectifs de couleur figure au programme de 5e. Vous trouverez cette règle dans n’importe quel ouvrage de grammaire. Maintenant, il est vrai que beaucoup d’adultes (vraiment beaucoup) l’ont oubliée. Tout comme ils ont oublié – et pour cause ! – les exceptions à cette règle. « Mamma mia ! Parce qu’en plus il y a des exceptions ? » Oui, vraiment navré, il en existe six ; six noms communs qui s’accordent tout de même lorsqu’ils sont employés pour désigner une couleur, parce que l’on estime, à tort ou a raison, que la couleur existait avant que la chose ne prenne son nom. C’est par exemple le cas du rose et de la rose (et on écrira bien « des jupes roses »).

J’ai tout de même une bonne nouvelle pour vous : il existe un petit moyen mnémotechnique pour retenir ces six mots : « FRÉMI de Peur », chaque majuscule étant l’initiale d’une exception, à savoir « Fauve », « Rose », « Écarlate », « Mauve », « Incarnat » et « Pourpre » (des cernes roses, des joues écarlates, des mouchoirs fauves, des Kleenex mauves…).

Bon, ce n’est pas tout ça, mais il faut que j’aille soigner mon rhume !


Si vous voulez connaître la faute que tout le monde (ou presque) commet aujourd’hui… C’est par ici : Tel Hannibal marchant sur Rome !



« Un monde sans fautes » est aussi un organisme de formation. Vous le saviez ?

mardi 19 mai 2015

Ma chronique du mardi (9)

  • Affirmatif ! Les mots commençant par « af » (et on en compte plus d’une centaine) prennent généralement deux « f » (affaire, afficher, affirmatif, affluence…), sauf : afghan, aficionado, afin, aflatoxine, afocal, et tous les mots de la famille de « Afrique ». Bon ! il est vrai qu’il faut aussi compter, en la circonstance, sur d'autres mots débutant par le même son, c’est-à-dire par « aph » (aphone, aphasie…), mais là, ils ne sont qu’une dizaine.
  • Bujumbura ! La semaine dernière, la capitale du Burundi a été placée sous le feu des projecteurs (en raison d’un coup d’État qui a complètement déstabilisé ce petit pays d’Afrique). Bujumburiens et Burundais se seraient certainement passés de faire ainsi la une des journaux, de même que les Outrelois, habitants d’Outreau (département du Pas-de-Calais), pour une autre, mais tout aussi triste affaire.
  • Une vérité à demi mise à nu ! « Nu » et « demi » ont ceci en commun qu’ils sont accompagnés d’un trait d’union et invariables lorsqu’ils sont placés devant un nom : « nu-pieds », « demi-heure » ; « sortir nu-tête », « une demi-lieue ». En revanche, ils sont bien considérés comme adjectifs lorsqu’ils suivent le nom qu’ils qualifient (ils s’accordent donc avec ce dernier) : « sortir tête nue », « une heure et demie » (on écrira « deux heures et demie », sans « s » à « heure », puisqu’il s’agit bien de la moitié d’une seule heure). Notons encore l’invariabilité de deux locutions : « à nu » (la vérité mise à nu) et « à demi » (faire les choses à demi).
  • À venir ! Très bientôt, sur unmondesansfautes, une série d’articles inédits : les adjectifs de couleur ; les principales fautes à éviter sur une simple carte de visite, et… « Tel » que vous ne l’avez jamais vu.
                Vous souhaitez devenir un pro des participes passés : jetez un coup d'œil à la rubrique « Nos formations »  ! 

mardi 12 mai 2015

Ma chronique du mardi (8)

  • Le mot « discussion » s’orthographie bien avec deux « s » et non avec un « t », comme on le voit si souvent écrit. Il est vrai que nous avons ici affaire à un « t » tentateur, notamment en raison de la présence de cette consonne dans le verbe « discuter », et aussi parce que tous les mots se terminant par le son « ussion » s’écrivent effectivement avec un « t » (diminution, parution, etc.). Enfin, tous sauf : concussion, percussion, répercussion et discussion.
  • Un petit tour dans les Vosges, ça vous dit ? Les habitants de Saint-Dié (sous-préfecture) s’appellent les Déodatiens ; ceux de Neufchâteau (autre sous-préfecture), les Néocastriens ; et ceux d’Épinal (la préfecture), les Spinaliens. Dans ce département des Vosges, nous trouvons aussi la station thermale de Vittel, avec ses Vittellois, mais aussi : Gérardmer et son festival du film fantastique (les Géromois) ; Domrémy, la ville natale de sainte Jeanne d’Arc, qui était donc une Domrémoise… et la petite commune de Charmes, où résident les Carpiniens et les Carpiniennes.
  • Ne vous mettez pas dans tous ces états ! « État » prend une majuscule lorsqu’il revêt le sens de « nation, forme de gouvernement ». On écrira donc un chef d’État, un secrétaire d’État, un coup d’État et, en sens inverse, un état de fait, le tiers état, en tout état de cause, un état des lieux… C'est toujours bon à savoir, non ?
              À Brest, à Rennes, Un monde sans fautes est là pour vous aider à progresser en orthographe !

mardi 5 mai 2015

Ma chronique du mardi (7)

  • Une petite constante orthographique pour la forme ? Allons-y ! Les mots commençant par « souf » prennent toujours deux « f » (souffrir, souffler…), sauf : le soufre et le soufisme (doctrine islamique ésotérique) et, bien entendu, les mots de leurs familles (soufrière, soufi…).
  • Un petit gentilé pour le plaisir ? Les habitants de Villefranche-sur-Saône (département du Rhône) s’appellent les Caladois. Pourquoi cela ? La calada, mot franco-provençal, désigne une rue pavée en pente (pavée avec des galets du Rhône ou de la Durance), ce genre de rues que l’on trouvait autrefois à Villefranche-sur-Saône, d’où le nom que portent aujourd’hui les quelque 35 000 habitants de la capitale économique du Beaujolais.
  • Trois mots qui ne s’inventent pas pour la route ? Amygdale, rastaquouère et sacripant s’orthographient bien ainsi (et n’oubliez pas que si « sacripant » s’écrit avec un « t » parce qu’il vient de Sacripante, personnage inventé au XVsiècle par le poète italien Boiardo , « chenapan », lui, n’en a pas).
  • Une petite règle bien utile pour ! ?, pour ? ! (« Pourquoi diable ai-je commencé tous mes paragraphes comme cela ? »)… Une petite règle bien utile pour terminer : le mot « presque » ne s’élide jamais (« Il serait presque fiable, presque habile, presque inutile… »), sauf devant le mot « île » (« La presqu’île de Quiberon »). C’est bon à savoir, non ?
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